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22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 12:38

Depuis une dizaine d'années, régulièrement, je croise Richard Boringher à la terrasse du café où j'ai mes habitudes. Il y est chez lui car il vient là depuis plus de trente ans et maintenant, il habite à côté une partie de l'année.


J'ai pour ce monsieur une grande admiration et un grand respect. Je l'ai d'abord découvert en tant qu'acteur, j'aimais son jeu fait de gouaille, de cynisme mais aussi de tendresse et de fragilité.  J'adorais et c'est toujours le cas, sa voix chaude, râpeuse, une voix de blues man.


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Plus tard, j'ai lu "C'est beau une ville la nuit" et j'ai été touchée ! D'autres lectures ont suivi sans jamais me décevoir. L'homme qui transparaît derrière les mots, cela m'émeut. J'aime la syncope des phrases, une langue vivante et réinventée.

 

 

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Le voir à la même terrasse que moi m'a toujours fait plaisir. Il y discute avec de simples gens qui furent, si j'en crois les ragots, compagnons de beuverie. Moi, je ne l'ai vu boire que des sirops et des cafés, eux par contre.... mais c'est un autre sujet ! Il reste leur ami, serre des mains de-ci de-là, s'attable avec l'un ou l'autre, part discuter avec un groupe et revient. Sans faire l'intéressant, sans vanité, gentiment. Il semble y prendre du plaisir.

 

Parfois d'autres consommateurs (des touristes toujours, les habitants du coin lui fichent la paix) ne le quittent pas des yeux. Au bout d'un moment, ça ne rate pas. Il y en a un, le plus culotté, qui se lève et l'aborde. On sent que ça l'agace, mais il fait un effort, sourit, accepte la discussion... finit même par poser pour la photo souvenir inévitable avec une grande gentillesse et il sourit encore si l'importun s'incruste.

 

Depuis tant d'années, j'étais contente de voir que cet homme connu que j'aime beaucoup n'a pas la grosse tête. Plus d'une fois, j'ai eu envie de lui dire mon admiration pour son travail ! Mais, il avait l'air si bien, là, posé parmi ses amis, que je n'ai jamais osé le déranger.


Hier, justement, je profitais du soleil radieux et buvais avidement la chaleur revenue. Un de ses amis que je connais, ben oui, quand on a ses habitudes, on finit par connaître les habitués ! est venu me parler des contes que j'ai dits le jour de la galette des rois du comité des fêtes. Et voilà qu'il me demande si je connais " Richard ". Je lui explique vite fait que je connais l'acteur et l'écrivain, que j'ai pour lui une grande admiration mais que jamais au grand jamais, je ne le dérangerai pour le lui dire.

Et bien, vous savez quoi ? Il est allé le chercher chez lui pour me le présenter, et le Boringher, il est venu !

Nous avons parlé de contes, de conteurs et de tradition orale et de son dernier spectacle, issu de son livre "J'ai trop traîné sous la pluie ".  Il y est conteur, griot, héritier de cette terre d'Afrique qu'il aime avec passion.

C'est un amour ce type là !

Voilà, je suis bien contente et là, pour le coup, mon blog prend un côté " journal intime ", contrairement à ce que j'affirmais il y a quelques jours.

 

Monsieur Richard Boringher est un grand Monsieur et je tenais à le dire !

 

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lire la critique du spectacle "J'ai trop traîné sous la pluie "dans La voix du Nord, l'image en est extraite.

link

 

Couvertures des livres prises sur le site Babelio link



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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 08:00

Avec ABC à la barre de Coquille et comme consigne "inventer un nouveau métier".

 

Des métiers, il y en a des mille et des cents. Je ne vous parle pas de ces métiers ordinaires et anciens, comme mécanicien, boulanger ou coiffeur, non, je vous parle des nouveaux métiers, ceux que l'on invente jour après jour pour gagner sa croûte parce que, les anciens métiers, ils n'existent  plus.


Holà ! Je vous entends d'ici vous insurger ! Laissez-moi m'expliquer : les mécaniciens, les boulangers, les coiffeurs existent,  leurs ateliers et leurs boutiques existent mais ils n'embauchent plus. Et s'ils embauchent, c'est en contrat à durée déterminée et à temps partiel. Permettez-moi de vous dire qu'une fois déduites toutes les charges, il ne vous reste pas grand chose pour vivre. Et encore, pour quelques mois seulement car allez savoir si ce contrat sera renouvelé?

Je ne dis pas que c'est de leur faute, je dis que c'est ainsi...

 

Alors, les Français qui sont courageux quoiqu'on en disent, ont eu des idées formidables ! Le gouvernement leur a donné un coup de pouce en créant le statut d'auto entrepreneur.  Et comme en France être SON propre patron et posséder SA maison, c'est LE rêve universel, et bien ils s'y sont mis, les Français.

Et ce qui est merveilleux, c'est que pendant ce temps-là, les chiffres du chômage n'augmentent pas ! J'dis ça, j'dis rien ...

 

Aujourd'hui, on vous propose en vrac, de sortir faire pisser le chien à votre place, de venir faire cuire les crêpes chez vous pendant vos "crêpe party" (si, si, je l'ai vu...) de vous livrer l'apéritif (avec les cacahuètes, s'il vous plaît !), de  repasser le linge à votre place, d'écrire vos lettres d'amour, de créer votre blog, de laver la voiture ou de tailler la haie...  Il existe des entreprises de "mamies" de substitution (les vraies ont trop d'occupations) , des entreprises qui entretiennent la tombe de vos chers disparus (vous n'avez plus le temps) ,  d'autres choisissent et livrent à la dame de votre coeur de magnifiques fleurs (vous ne savez pas les choisir) , pendant qu'une dernière aide votre enfant adoré à apprendre ses leçons (où trouveriez-vous le temps?) ...

Je vous le dis, on vit une époque FORMIDABLE !!!

 

Et vous voulez que je trouve une idée géniale pour participer à ce défi n°49 ?

Et bien, je crois avoir trouvée. Lorsque l'heure de ma retraite aura sonné, pour pouvoir subsister, tout le monde le sait, les retraites sont ridicules et ne permettent plus de vivre, je serai marchande de sourires. Je le tiens de source sûre, les gens n'ont plus le temps ! 


Bien sûr, pour exercer ce métier, il faut certaines prédispositions. D'humeur égale, vous croquez dans la vie avec joie et plaisir, vous ne vous lamentez pas sur votre sort et n'accusez  pas le ciel de tous vos malheurs. Vous savez profiter de tous les petits instants qui font le bonheur, et surtout, oui surtout, vous avez une grosse tendresse pour ces fragiles animaux appelés Hommes. J'espère que vous avez remarqué la majuscule, cela inclut aussi les femmes.

Il est de plus nécessaire d'aimer la marche à pied. C'est un métier itinérant, parfois ici, et d'autres là, toujours ailleurs.

Les endroits les plus fréquentés sont ceux où vous serez le plus sollicité. Il faut supporter la foule, être calme et déterminé, ne pas perdre patience.

Vous devez avoir de la voix pour haranguer les passants, mais une jolie voix si vous voulez les convaincre. Il s'agit en quelque sorte, telle une sirène, de les charmer et les prendre dans vos filets.

Enfin, faites vos prix avec justesse. Un sourire ne se brade pas mais attention à ne pas le surestimer, cela friserait la vanité.


En quoi consiste ce métier ? C'est tout simple, vous vendez vos sourires à ceux qui n'ont plus le temps de sourire eux-mêmes. On vous passe commande. Et vous livrez.


"Bonjour Madame ! (sourire) Vous êtes bien Anne Martin ? Je viens de la part de votre mari. (sourire) Il a de gros soucis au travail en ce moment, il manque de temps pour vous sourire (sourire) Il m'a demandé de vous livrer un beau sourire pour bien commencer la journée ! (sourire)


Comme vous faites un prix, 4 pour le prix de 3, cet article marche très fort...

 

Ce n'est qu'un exemple, vous pouvez livrer pépé à qui personne n'a plus le temps de rendre visite, le professeur d'anglais pour rattraper la dernière insolence d'un adolescent ingrat, un patron avant une demande d'augmentation de salaire, un voisin la veille  d'une nouba d'anniversaire... les possibilités sont illimitées !

 

N'allez pas croire que ce soit un métier exclusivement féminin. Un homme peut l'exercer avec autant de succès à condition d'avoir les qualités requises ci-dessus nommées.

 

Vous êtes tenté ? Vous voudriez vous former ? Attention, pas d'école, c'est sur le tas qu'on l'apprend. Et plus le temps passe, plus on est efficace, il n'y a aucune limite d'âge...

 

Et bien, j'ai beaucoup hésité mais ce nouveau métier, décidément me plaît ! 


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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 08:00

 

 

Cette quinzaine, ABC à la barre de la Coquille nous propose comme thème: le SOURIRE.

 

Pour éviter toute confusion, si je me mets ainsi en avant et illustre cet article avec des photos de mes sourires,  ce n'est que dans le but de vous en offrir quelques-uns à vous tous qui venez me lire puisque seuls nos mots se croisent et jamais nos regards. Non, non, je vous l'affirme, je ne suis ni exhibitionniste ni mégalo !

 

                 LE SOURIRE  ! Il a fallu qu'on me le fasse remarquer pour que j'en prenne conscience. Je souris tout le temps: dans la rue, à la caisse du supermarché, à la terrasse du café, en classe, en voyage... à l'inspecteur des impôts (oui, oui, même à ce chameau ! mais je n'ai pas de photo...) aux SDF, aux passants, aux commerçants, à mes élèves, à leurs parents ... à tout le monde ! Sans même m'en rendre compte... aux amis, à ma famille, aux étrangers croisés un instant, à  tous ces autres juste aperçus, passagers d'un navire nommé VIE et que le sourire embellit.

 

Je souris: à toi, à elle, à lui, à vous tous, mes semblables, mes frères. Un peu de douceur dans un monde de haine, un peu d'amitié dans un monde de profit, un peu de chaleur dans un monde d'indifférence. Le sourire à partager...

 

Surprise de ceux que je croise ... inquiétude ... hésitation ... méfiance.... finalement, mon sourire, on me le rend la plupart du temps et mon coeur alors est bien content.

 

 

SOURIRE

fleur du coeur

fleur de l'âme

graine d'amitié


 SOURIRE 

pont suspendu

lien tressé

main tendue


SOURIRE

coeur ouvert

chemin clair

joie partagée


  SOURIRE

tu existes

il existe

nous existons


moi.JPG

 

SOURIRE

pour éviter le pire.

 

 

 

 

 

 

sourire-monde-renait.jpg

 J'ai piqué cette image sur le net, voici le lien: link

 

J'aime beaucoup certaines paroles trouvées sur les murs des villes, il m'arrive d'en photographier mais je n'avais vraiment rien pour ce thème et cette image m'a plu.

 Pour vous tous donc un bouquet de sourires !


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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 20:39

Aujourd'hui, on me l'a dit et répété, c'est la Saint Valentin. La fête des amoureux.

Mais moi, je n'en ai pas d'amoureux !

Alors, comment je fais pour réaliser toutes les idées romantiques qu'on m'a proposées à la radio en partant au boulot ce matin, puis encore en rentrant ce soir.

Comment je fais, hein ?

Et bien, je ne fais pas ! Et puis c'est tout !

Ma Saint-Valentin à moi, elle est plus personnelle, moins dans le coup. En voici la recette.

clementine 001

 

Tout d'abord, ne pas oublier d'acheter les croquettes du chat si je ne veux pas me faire insulter en Miaou. Dès que j'ouvrirai la porte, l'amour de ma vie viendra m'accueillir. Je lui sussurerai quelques mots doux et je verserai les fameuses croquettes dans sa gamelle.

 

Ah, non ! Ne perds pas de temps à enlever ton manteau ! C'est immédiatement qu'il les veut ses croquettes.

Séance caresses sur la tête pendant qu'il se goinfre. C'est qu'il ne m'a pas vue de la journée ! Alors je ne lésine pas sur la tendresse...


Ensuite je peux enlever mon manteau et enfiler mes pantoufles. Je peux même me mettre en pyjama si ça me chante ! Le minou s'en fiche, il m'aime comme je suis, n'a pas besoin d'artifices.

Il m'aime à la vie, à la mort, et pour lui je suis la plus belle ! Ben oui, j'ai ramené les croquettes...


Passons maintenant au menu. On me donnait ce matin des idées: huîtres, asperges, gingembre qui sont réputés pour leurs vertus aphrodisiaques. Mon minou et moi, on s'en fout ! Et puisqu'il fait froid, ce sera soupe de légumes.

 

J'écrirai un petit billet sur mon blog et puis, allez, c'est fête, je ferai aussi une orgie de bonbons en lisant le bouquin que j'ai commencé hier, bien au chaud sous ma couette, en fumant des cigarettes. Tout ce qui était impossible quand il y avait un Valentin à la maison.

C'est pas formidable ça ?


Musique d'ambiance, un peu de chanson française, rien que de la qualité; je laisse la mièvrerie de côté, ça n'a aucun intérêt.


Bref, ma Saint-Valentin est une soirée comme beaucoup d'autres mais une bonne soirée.

 

Et vous, célibataires comme moi, qu'en est-il de cette soirée ? Ne me dites pas que vous avez le cafard, cela va me fâcher !

 

L'amour, vous l'avez connu ou vous le connaîtrez !  Des Saint-Valentin, il y en aura des dizaines d'autres ! Tant qu'ils auront un truc à vous faire acheter, ils ne se priveront pas de la célébrer. Si vous y tenez, l'année prochaine ou la suivante, vous l'aurez votre soirée...

Ne vous en faites pas, des Valentins, il y en a plein. Un beau, un sage, un brave, un tendre, un amusant, un prévenant, un formidable finira par croiser votre route. Vous le savez ? Alors, où est le problème ?


Ah, vous ne savez que raconter à vos copines de bureau demain ? Qu'à cela ne tienne, voilà quelques idées:

  •  Minou et moi on a décidé de faire un don pour les restos du coeur, alors on ne s'est pas fait de cadeau....
  • Avec Minou, nous avons décidé de passer la soirée au lit. Il ronronnait de plaisir ...
  • Ne me dis pas que tu as suivi le troupeau, nous, la Saint Valentin, jamais ! On célèbre le jour de notre rencontre!
  • Ah, non ! moi, je ne raconte rien, je suis trop pudique !

Les copines de bureau n'ont jamais rencontré Minou ? Elles s'en étonnent ? Normal, il vous rejoint chez vous tard le soir, il a un métier passionnant mais très prenant. Mais attention ! Vous adorez cette relation qui vous laisse toute votre liberté ! Jalouse, vous ? Non, pourquoi ? Minou vous adore !

 

Alors, maintenant, ne me dites plus que les copines vont vous harceler de questions. Avec ces quelques phrases, vous leur clouerez le bec.

 

 

Et puis disons-le tout net, c'est pas idiot une fête pareille ?

Un jour pour l'amour ! Une malheureuse petite journée....


Quand j'avais un Valentin, on s'aimait de décembre à janvier, tout au long de l'année, du lundi au dimanche, du lever au coucher, du coucher au lever !


Alors, ne regrettez rien, la Saint Valentin est une fête pour aimer petit et vous, vous avez  le coeur grand comme ça !!!!!!!!!


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13 février 2011 7 13 /02 /février /2011 17:37

    vacances2006 093

 

 

On me dit souvent que je suis trop idéaliste, naïve, utopiste... que sais-je encore !

 

" Je suis comme je suis ! " disait Prévert. Et je dois bien dire qu'arrivée à mon âge, ce que j'aime peut-être le plus en moi, c'est d'avoir su garder cette foi en l'autre et en la vie.

J'ai d'abord lu ce conte et il m'a tout de suite enchantée. Ensuite, j'en ai entendu plusieurs versions, toutes très intéressantes. Voici celle que je préfère.

 

Il était une fois un homme qui s'appelait Yacoub. C'était un homme pauvre mais qui vivait heureux et libre, se contentant de peu et rêvant sans cesse. Il aimait le monde et la vie.

Cependant, Yacoub avait un souci : le monde lui paraissait morne, brutal, insensible et sombre. Il en souffrait et se demandait sans cesse :

"Comment faire pour qu'il soit meilleur ? Comment amener à la bonté ces hommes tristes qui vont sans un regard pour leurs semblables ?"

Il ruminait ces questions tout en marchant dans les rues de Prague, sa ville. Il saluait ceux qu'il croisait mais personne ne lui répondait. Et cela l'attristait.

Et voilà, qu'un jour, alors qu'il traversait la grand place toute ensoleillée, il lui vint une idée.

" Et si je leur racontais des histoires ? pensa-t-il. Je connais la saveur de l'amour et de la beauté, je les amènerais sûrement au bonheur ! "

Il grimpa alors sur un banc de la place et se mit à parler.  Des hommes, des femmes, des enfants, des jeunes et des vieux, s'arrêtèrent pour l'écouter, puis reprirent leur route. Yacoub ne se découragea pas.

"On ne peut changer le monde en un jour", pensa-t-il.

Il revint alors le lendemain et se hissa de nouveau sur le banc. Des promeneurs s'arrêtèrent un instant mais moins nombreux que la veille. Certains se moquèrent de lui, il y en eut même pour le traiter de fou ! Il ne les écouta pas.

" Les paroles que je sème germeront un jour, se disait-il. Elles entreront dans les esprits et les éveilleront. Je dois parler, parler et parler encore. "

Il revint donc le jour suivant et le suivant, et ainsi, jour après jour, il continua à s'adresser à ses semblables et à leur conter merveille pour leur offrir l'amour qu'il ressentait. Mais les passants ne s'arrêtaient plus guère, les curieux étaient de plus en plus rares. Il ne renonça pas pourtant.

Il découvrit qu'il ne savait et ne souhaitait rien faire d'autre que conter ses histoires merveilleuses même si elles n'intéressaient personne. Il se mit à les dire les yeux fermés pour le seul bonheur de les entendre sans se soucier d'être écouté. Il se sentit bien en lui-même et ne conta plus que de cette façon, les yeux fermés.

Plus personne ne s'arrêtait. Les passants faisaient même un détour pour passer loin du coin de la place où il se trouvait. Mais Yacoub contait et contait encore, pour le vent, pour les nuages, la pluie et les gens pressés qui l'évitaient.

Ainsi passèrent les années. Un soir d'hiver, alors qu'il disait un conte magnifique dans le froid de la nuit qui tombait, il sentit qu'on le tirait par la manche. Il ouvrit les yeux. Un enfant grimaçant se tenait devant lui.

 -  Ne vois-tu pas que personne ne t'écoute, ne t'a jamais écouté et ne t'écoutera jamais, lui dit le garçon. Quel diable t'a poussé à perdre ta vie de cette façon ?

- Vois-tu, il y a bien longtemps, bien avant que tu naisses, j'étais fou d'amour pour mes semblables, répondit Yacoub. Je voulais les rendre heureux.

- Et alors, pauvre fou, le sont-ils devenus ?

- Non, dit Yacoub en secouant la tête

- Et bien, pourquoi continues-tu ? répliqua le garçon, pris d'une pitié soudaine.

- Je parle toujours, c'est vrai, et je parlerai jusqu'à ma mort. Autrefois, c'était pour changer le monde.

Il se tut un moment, puis son regard s'illumina.

- Aujourd'hui, je parle pour que le monde, lui, ne me change pas.

 


 

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12 février 2011 6 12 /02 /février /2011 11:33

Merci les copines ! Jeudi soir,j'ai retrouvé  Carol à Aubagne pour écouter du slam. Tu verras, m'avait-elle dit. J'ai proposé à deux autres amies, Yvonne et Audrey, de m'accompagner. Elles ne connaissaient pas du tout ce genre. Moi, je n'en connais pas grand chose non plus, juste ce que Carol m'a déjà fait découvrir, et puis Grand Corps Malade, parce que, lui, tout le monde le connaît.

 

Ce soir-là, Ypnova.... tout juste magnifique ! Un sacré type ! Tendre, drôle, triste, heureux, en colère, poète ... simple et sympathique !

 

Ses textes, de petits bijoux ciselés, le mot juste et fort, le rythme parfait. Et une présence formidable ! J'irai encore et encore l'écouter ! Il n'est pas qu'un artiste local. Si un jour vous voyez son nom sur une affiche, moi, je vous le dis, vous pouvez y aller les yeux fermés mais les oreilles et le coeur grand ouverts.

 

J'ai aussi entendu d'autres slameurs de talents ce soir-là, et puis.... Carol ! C'est elle qui m'a fait découvrir cet art et ses textes me touchent au plus haut point. Je ne m'en lasse pas, je les adore. Je l'ai connue par hasard, merci le hasard !

 

Le slam, c'est aussi les moments de partage, la scène ouverte. Tu es là, tu as quelque chose à dire, tu y vas ... on t'applaudit, on est content, c'est le partage. Et si, comme moi, tu te vautres parce que tu as un trou de mémoire, INDULGENCE, tu sors ton papier, tu recommences et lis ton texte.... on t'applaudit.

 

Ah ! Belle découverte à l'échelle de ce que j'attends de la vie !

 

Vous l'aurez compris: très bonne soirée. Et mes copines Yvonne et Audrey se sont aussi régalées.

 

Voilà l'affiche de la soirée: 

ypno

 

  Que je vous parles un peu du lieu, tout petit, chaleureux. Tu manges, tu bois un coup ou pas...  tu te trouves un siège où tu le peux, tu assistes au spectacle, parles à tes voisins, fume ta clop dans la ruelle, parles encore à tes voisins....

Tu n'y étais jamais venu, ce n'est pas grave, passé le premier moment d'étonnement, genre: " heu... pas de table vide...  j'ai fait une heure de route...  je vais me mettre où ? Peux pas rentrer à la maison quand même ! "  Passé donc ce grand moment de solitude, le siège, tu le trouves, quelqu'un te l'offre même... La soirée commence et au bout d'un bref moment, tu as l'impression d'avoir retrouvé des potes !

 

casa-d-oli.jpg

 

Nous, on a juste bu un coup, mais quand l'odeur de nourriture a commencé à chatouiller nos naseaux, on a eu comme des regrets. Quand les assiettes sont passées, ce furent des remords...

 

La Casa d'Oli, c'est à Aubagne, 6 rue de la liberté, et même l'adresse fait rêver ! Il s'y passe un tas de choses et pas seulement du slam. 

 

Voilà, ce que je souhaitais partager avec vous puisque le thème du jeudi-poésie était le PARTAGE.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 22:07

auguste-renoir-dans-le-jardin

 

 

Je suis fou belle enfant,

Tout en vous est charmant,

Le velouté de vos joues,

La ligne de votre cou,

Vos deux lèvres carmin

La douceur de vos mains

La courbe de vos reins.

Belle enfant, je suis fou,

Je suis si fou de vous !

 

Mais le regard lointain

La belle n'entend rien.

Elle songe à ses amants,

Celui-là est collant.

Le tumulte est affreux

Sous ses cheveux soyeux

Et envahit sa tête,

Elle ne pense qu'à faire la fête

Au Moulin de la Galette !


 

Je sais le tableau est tout de douceur et de lumière tamisée par le feuillage... Ses amoureux sont charmants. Sans doute échangent-ils des serments, des jamais, des toujours... Et ils sont fous d'amour. 

Mais voilà, au pays des contes, il arrive que les baisers des Princes transforment les Belles en d'ignobles mégères ! C'est ce qui est arrivé. Pauvre jeune homme...

 

Tu n'es pas fâchée Lyly, j'espère ! 

 

Allez, je te l'avoue, j'adore les Impressionnistes et particulièrement ce tableau !

 

 

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7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 08:00

medium_tomates.jpg

 

Anne Le Sonneur à la barre cette semaine et moi, pauvre de moi, je ne suis pas certaine du tout d'avoir compris la consigne... Je touche du doigt ce que ressentent mes élèves dans certains cas.

J'ai tout de même écrit une petite recette.

A déguster ou s'abstenir...

 

Dans son antre sombre comme l'enfer, la femme s'active immobile. Là, elle fut, là, elle sera. Rien ne changera jamais. A moins que...

Elle ricane sans bruit. Choisit les ustensiles: un faitout, une poêle, une spatule. Elle attrape un couteau pointu comme une aiguille. Passe son doigt sur le fil et sourit. Ange ou démon ?

 

oignon.jpg

Ses yeux noirs comme du charbon lancent des éclairs de folie meurtrière quand de l'oignon, elle se saisit. Elle le déshabille en un tour de main. Pas de lascif strip-tease. A poil, l'oignon ! Elle en rugit de bonheur.

Aux tomates maintenant. Les ébouillanter. Comme elle l'ébouillanterait, lui, si elle le pouvait. Se contente des tomates. Les pèle d'un rapide geste délicat, les coupe en petits dés. Et pour débarasser la planche à découper, les verse prestement dans une assiette creuse.

Creux, ce type est creux se dit-elle en silence. Qu'est-ce que je fiche avec lui ! Depuis tant d'années !

Poivron2.jpg

Les poivrons verts comme l'espoir qui l'anime ce jour dorent dans le four. Elle les passe au grill, les questionne...

Alors, avec qui tu étais cette fois? Avec qui ? Ah ! c'est comme ça, hein ! Tu n'étais avec personne ! Tu as juste travaillé tard ? Ben, mon coco, tu me prends pour une bille ! Et la bille, elle en a marre ! Tu sais quoi ? C'est la dernière fois qu'elle cuisine pour toi, la bille ! 

Lorsqu'ils sont bien grillés, elle sort le plat de poivrons du four. Avec tendresse et douceur elle enlève la fine pellicule de peau. Puis, prise à nouveau d'une rage barbare, les tranche en lamelles d'un geste sec, sur l'autel de la planche. La lame tombe, et tombe et retombe encore telle un couperet.

Tiens, voilà pour toi ! Et voilà encore ! Non mais ! Tu crois quoi ?

Elle pose le faitout sur le feu, y verse l'or de la Provence, la fameuse huile d'olive, celle qui, paraît-il, leur donne une meilleure santé qu'aux gens d'ailleurs, au beurre régalés.

L'huile frissonne, elle y jette les oignons et touille lentement, les regarde dorer et gémir et se tordre. Lorsqu'ils lui semblent à point, elle les réserve dans une assiette plate comme sa vie. Au tour des poivrons maintenant. Ils subissent sans ménagement le même traitement.

Moëlleux à souhait au bout d'un moment. Alors elle grince, princesse sorcière écartelée:

Voilà ce que je voulais moi ! De la tendresse, de la douceur, regarde moi ça, ce n'est pas merveilleux tant douceur ? 

Elle ajoute les oignons qu'elle avait préparés, mélange avec l'énergie du désespoir les deux légumes, verse sur le tout les dés de tomates, le sang du potager. Il ne lui reste qu'à saler et poivrer et attendre patiemment que son frichti réduise. Quand l'eau, telle son rêve d'amour bonheur, se sera évaporée, le repas sera prêt. Il ne restera qu'à saupoudrer d'un peu d'ail pressé. Deux coups de spatule, deux minutes de cuisson.

Et servir avec des oeufs au plat ou une tranche de jambon cru épaisse comme la main.

Mais voilà qu'elle se saisit d'un pot de verre. Que va-t-elle ajouter ? Des champignons, des champignons ramassés cet automne, séchés au beau soleil du midi... C'est bon les champignons. Oui, mais dans cette recette ... Elle s'en fout ! Elle les a ramassés, elle les utilise. Il n'avait qu'à réfléchir ! Et c'est tout !


Amanita-muscaria-tue-mouche.jpg

Elle dresse ensuite une jolie assiette, dépose quelques fleurs sur la table, enlève son tablier.

Puis elle se rend dans la chambre, change de vêtements, se maquille et se recoiffe.  Elle griffonne ensuite un petit mot et le pose bien en évidence à côté de l'assiette.

Je suis sortie faire quelques courses. Ton repas est prêt, tu n'as qu'à le réchauffer au micro ondes. Mange sans moi, j'en ai pour un moment.

 

Enfin, elle tourne le dos à la cuisine et sort en chantonnant.


 

Recette de départ:

la piperade

Remplacez l'huile d'olive par de la graisse de confit et surtout.... n'ajoutez pas les champignons !!!

A déguster avec du jambon de Bayonne coupé en tranches épaisses et poêlé.


BON APPETIT !


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6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:49

Je viens d'admirer ce soir chez Mamie Claude des sculptures d'Auguste Rodin. Cela m'a donné envie de parler de Camille Claudel.

Je ne peux penser à lui sans penser à elle. J'aime cette femme, la beauté de son oeuvre, la force de son âme.

Le sculpteur Rodin est un grand artiste, l'homme Rodin manque d'envergure, il ne me plaît pas. Il fait de Camille sa maîtresse et refuse de quitter sa compagne Rose Beuret, mais en plus il laisse entendre que certaines oeuvres qu'elle présente sont de lui... pas très élégant.

Il est évident qu'ils se sont influencés mutuellement mais elle se distingue car elle cherche à saisir sur le vif le vécu d'un simple geste. De plus, la conception asymétrique et déséquilibrée de ses sculptures traduit son déchirement intérieur. 

Différence également dans le processus de création: elle dégrossit, creuse et modèle elle-même le marbre ou l'onyx afin de voir la lente mise en forme de l'oeuvre. Contrairement à Rodin, elle n'a pas de manoeuvres pour lui préparer le travail.

 

Camille Claudel - 1864 - 1943

 

"Je réclame la liberté à grand cri."

 

Enfermée pour paranoïa en 1913. Elle est morte trente ans plus tard, en hôpital psychiatrique. Seul, le personnel de l'hôpital est présent à ses obsèques. Elle sera mise à la fosse commune puisque ses proches ne réclament pas son corps.

Un internement contesté que la loi autorise... Trente ans ! Seule et abandonnée de tous. Sa mère et sa soeur l'ignorent,  son frère la néglige. Les critiques et les marchands oublient son oeuvre. Niée. Comme si son talent prodigieux n'avait pas existé. On ne la redécouvre que récemment et elle est considérée comme une artiste majeure.

 

 

 

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A Camille

 

Ta jeune beauté, ton talent et ta volonté jetés en pâture dans un monde dominé par les hommes... L'univers de l'art n'est pas plus juste que celui de l'usine ou de l'atelier. A tout juste dix-sept ans, c'est à Paris que tu es allée... "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans", disait Rimbaud. Ah, Camille! Comme tu voulais sculpter !

Sur Rodin, tu es tombée et tout s'est emballé.

 

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Camille, exigeante Camille, tu voulais la liberté. Les griffes, ils t'ont limées, les ailes, ils t'ont rognées pour mieux t'emprisonner. Croyais-tu, innocente, que l'élève pouvait, cela se saurait, son maître dépasser? Tu aurais pu te contenter de le seconder, l'admirer et l'aimer. Il a fallu qu'en plus tu sois douée ! Cet Auguste grisé par le succès, de fierté tout gonflé, a su bien mal t'aimer... Tu l'aimais, pourtant tu l'as quitté. 

 

valse-copie-1.jpgOn dit que tu étais folle, folle, folle à lier. Que s'ils t'ont enfermée, c'est pour te protéger de tous tes excès... Mais l'amour déchiré, l'enfant avorté et l'humiliation assénée, hein? Qu'est-ce qu'on en fait? Au panier ! Folle, je te dis ! Allez ! Chez les aliénés ! En Provence, loin de Paris. Si seulement, on pouvait t'oublier !

 

Ta misère, ta solitude, tes tourments, sujets tabous, frère célèbre... Après le décès de ton père, ni ta mère ni ta soeur ne t'ont jamais rendu visite, ton frère chéri, quinze petites fois... Pourtant quelles lettres tu leur écrivais ! Pauvre Camille, chez les fous abandonnée.


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  Peut-on imaginer ta  douleur quand tes oeuvres tu as brisées ?

Tes larmes étaient-elles de dépit, de rage ou d'amour humilié ?

Camille, douce Camille, et forte, et violente à la fois, j'aime tes oeuvres. Je ressens , chaque fois que mon regard s'y pose, ta douleur et leur ignominie.


Si de là-haut, au paradis des artistes maudits, tu m'entends, écoute, écoute ,oh, toi, notre  soeur, que ton oeuvre est reconnue et admirée. 


"Le rêve et le désir sont immortels"

 

 

J'ai découvert lors de mes recherches deux dates qui me semblent importantes pour comprendre le monde dans lequel Camille Claudel a vécu. Artiste et amante assumée, elle défiait la morale sexiste.

 

A son époque, il était inconcevable qu'une femme ait accès à l'Ecole des Beaux Arts.

1889 : une classe spéciale y est créée pour les femmes

1903 : elles acquièrent le droit de concourir pour le Prix de Rome

 

 

Je vous invite à consulter le lien suivant où j'ai trouvé une partie de mes informations:

http://www.camilleclaudel.asso.fr/  J'ai également consulté d'autres ouvrages

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 13:18

 

 

 

Anne à la barre et bien peu de temps pour écrire... cette fois, ce n'est pas le travail qui me retient mais... les loisirs et les sorties. Le thème est pourtant bien sympa, alors voici une poésie de Raymond Queneau.          140631_191901802_ecriture_H161319_L.jpg

Prenez un mot 

 


Prenez un mot prenez en deux

faites les cuire comme des oeufs

prenez un petit bout de sens

puis un grand morceau d'innocence

faites chauffer à petit feu

au petit feu de la technique

versez la sauce énigmatique

saupoudrez de quelques étoiles

poivrez et mettez les voiles

Où voulez-vous en venir ?

A écrire Vraiment ? A écrire ?

 


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