Depuis une dizaine d'années, régulièrement, je croise Richard Boringher à la terrasse du café où j'ai mes habitudes. Il y est chez lui car il vient là depuis plus de trente ans et maintenant, il habite à côté une partie de l'année.
J'ai pour ce monsieur une grande admiration et un grand respect. Je l'ai d'abord découvert en tant qu'acteur, j'aimais son jeu fait de gouaille, de cynisme mais aussi de tendresse et de fragilité. J'adorais et c'est toujours le cas, sa voix chaude, râpeuse, une voix de blues man.
Plus tard, j'ai lu "C'est beau une ville la nuit" et j'ai été touchée ! D'autres lectures ont suivi sans jamais me décevoir. L'homme qui transparaît derrière les mots, cela m'émeut. J'aime la syncope des phrases, une langue vivante et réinventée.
Le voir à la même terrasse que moi m'a toujours fait plaisir. Il y discute avec de simples gens qui furent, si j'en crois les ragots, compagnons de beuverie. Moi, je ne l'ai vu boire que des sirops et des cafés, eux par contre.... mais c'est un autre sujet ! Il reste leur ami, serre des mains de-ci de-là, s'attable avec l'un ou l'autre, part discuter avec un groupe et revient. Sans faire l'intéressant, sans vanité, gentiment. Il semble y prendre du plaisir.
Parfois d'autres consommateurs (des touristes toujours, les habitants du coin lui fichent la paix) ne le quittent pas des yeux. Au bout d'un moment, ça ne rate pas. Il y en a un, le plus culotté, qui se lève et l'aborde. On sent que ça l'agace, mais il fait un effort, sourit, accepte la discussion... finit même par poser pour la photo souvenir inévitable avec une grande gentillesse et il sourit encore si l'importun s'incruste.
Depuis tant d'années, j'étais contente de voir que cet homme connu que j'aime beaucoup n'a pas la grosse tête. Plus d'une fois, j'ai eu envie de lui dire mon admiration pour son travail ! Mais, il avait l'air si bien, là, posé parmi ses amis, que je n'ai jamais osé le déranger.
Hier, justement, je profitais du soleil radieux et buvais avidement la chaleur revenue. Un de ses amis que je connais, ben oui, quand on a ses habitudes, on finit par connaître les habitués ! est venu me parler des contes que j'ai dits le jour de la galette des rois du comité des fêtes. Et voilà qu'il me demande si je connais " Richard ". Je lui explique vite fait que je connais l'acteur et l'écrivain, que j'ai pour lui une grande admiration mais que jamais au grand jamais, je ne le dérangerai pour le lui dire.
Et bien, vous savez quoi ? Il est allé le chercher chez lui pour me le présenter, et le Boringher, il est venu !
Nous avons parlé de contes, de conteurs et de tradition orale et de son dernier spectacle, issu de son livre "J'ai trop traîné sous la pluie ". Il y est conteur, griot, héritier de cette terre d'Afrique qu'il aime avec passion.
C'est un amour ce type là !
Voilà, je suis bien contente et là, pour le coup, mon blog prend un côté " journal intime ", contrairement à ce que j'affirmais il y a quelques jours.
Monsieur Richard Boringher est un grand Monsieur et je tenais à le dire !
lire la critique du spectacle "J'ai trop traîné sous la pluie "dans La voix du Nord, l'image en est extraite.
Couvertures des livres prises sur le site Babelio link
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