Petite plage aux Chevaliers en hiver. La couche de posidonies protège de l'érosion.
Le thème des légendes de mer m'a donné envie de vous faire découvrir une autre vision de la Côte d'Azur. Différente de celle qu'on a lorsqu'on y passe quelques jours de vacances en été, différente également de celle montrée à la télévision ou dans la presse.
Larguez les amarres, nous allons remonter au vent, cap sur la presqu'île de Giens.
Voyage dans le temps aussi, nous ferons une incursion dans le XVI° siècle.
Au bout de la presqu'île de Hyères. Giens. Après-midi de décembre. Longue marche sur le sentier des douaniers, falaises éboulées, sentier en partie effacé, solitude désirée. Dans mes oreilles gelées, le vent s'engouffre. Mon col relevé ne suffit pas à me protéger. Tentation de rentrer. Désir de continuer. Laisser mon esprit vagabonder. Rêver. M'évader.
En face, pas très loin, les îles d'Or: Le Levant, Port Cros, Porquerolles, la plus proche, le plus visitée, colonisée, envahie.
Depuis si longtemps... Des Grecs aux Gênois, des Sarrasins aux Maures, de Charles Quint aux pirates barbaresques africains, des Anglais aux Espagnols, tous y ont abordé depuis l'Antiquité.
De nos jours, les plaisanciers au mouillage, chaque été, presque bord à bord, par centaines.
Porquerolles devint au XVI° siècle, une île repaire de pirates. Ils s'en servaient de base pour attaquer les villages de Provence et les navires de passage.
Mon imagination s'enflamme. Les villageois, à Giens, alarmés quittent leurs champs, abandonnent sur place les outils, se réfugient dans leurs habitations, piètres protections. J'entends les hurlements, femmes amenées comme esclaves, hommes égorgés. Cris de rage, d'impuissance. Bruits de combats. Razzias. Fréquentes. Ils le savent, les guettent, les redoutent. Et toujours inlassablement recommencées. Comme une malédiction sur leur vie de misère. Le fort de La Tour Fondue n'a pas encore été érigé. Nulle garnison pour les protéger.
Fort de la Tour Fondue, Giens, Hyères
La ville de Hyères est éloignée de 8 kilomètres environ. Aucune construction en bord de mer, malsain, infesté de moustiques, recouvert de marais. Seul, le village de Giens, a u bout de la presqu'île est une proie facile pour ces hommes entraînés au combat.
Qu'une fuste ou une galère approche et l'alarme est donnée. Fuir. Fuir le plus vite possible.
Pointe des Chevaliers, Giens, Hyères
Kheïr ed-Din, Bey d'Alger, dit Barberousse, célèbre pirate turc, allié de François I°, y aborda plusieurs fois dès 1530. On raconte qu'il arriva à la tête d'une flotte de plusieurs galères,en 1558, et que cette année-là, avec ses hommes, ils firent une fête terrible d'une journée et d'une nuit pour célébrer le Beïran, la fin du Ramadan. Les habitants de l'île y furent même invités et profitèrent du festin. Sacrée nouba. Ensuite, les pirates levèrent l'ancre, cap sur Mandelieu, où ils attaquèrent la flotte Génoise. Nouveau massacre. Brève trève.
Je me retrouve bloquée par les éboulis. Je ne rejoindrai pas le port du Niel qui était mon but. Alors pour profiter encore un peu d'une journée enfin sans pluie, je vais aux Chevaliers, à la Pointe Escampobariou. De l'autre côté de la presqu'île. Il est possible d'y marcher dans la pinède puis en bord de mer, le long de la falaise jusqu'à une plage.
Longue balade vivifiante.
Evidemment, pas de cohue, pas d'embouteillage, pas de pirate non plus.
Me reste à rentrer me préparer un bon chocolat chaud en pensant aux dangers de la navigation.
Je me suis beaucoup battue avec Overblog qui ne fait que ce qu'il veut ! Quel caractère ! Je capitule en échange d'une bonne nuit de sommeil. Tant pis, la mise en page sera ce que ce têtu en aura fait !
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