Je vais vous raconter une histoire. Je sais, ça n'a rien de surprenant dans un blog consacré aux contes. Vous êtes venus me lire pour ça... Mais l'histoire que je vais vous raconter aujourd'hui, est une histoire vraie. Je l'ai vraiment vécue. Il y a quelques années, je faisais une sortie en forêt avec les enfants de ma classe en compagnie d'un garde du Parc du Mercantour dans les Alpes. Je les avais emmenés en classe de neige et ils découvraient aussi la faune et la flore.

 Ce jour-là, nous avions marché longuement dans la forêt enneigée à la recherche d'indices du passage d'animaux car, comme vous le savez sans doute, ils ne laissent pas tous les mêmes traces. La façon de ronger les pommes de pin, les empreintes de pattes, les crottes même, tout peut nous permettre de les identifier. Si on est observateur, il est facile de savoir si un renard, un écureuil, une hermine ou même un loup est passé par-là.

   Et justement, les enfants qui m'accompagnaient espéraient voir des traces de pattes de loup. Avant le départ, le guide leur avait expliqué que le loup ne ressemble pas du tout à ce qu'on dit de lui dans les contes et qu'une meute mène une vie très organisée, hiérarchisée mais solidaire loin des hommes que le loup craint avec juste raison. Les enfants, séduits par ce qu'il leur avait raconté, espéraient vraiment voir des empreintes de leurs pas, même si nous leur avions dit que nous étions trop près du village.

 Hélas, après deux heures de marche, le moment du goûter venu, nous avions vu différentes traces, mais aucune du loup. Et nous étions tous très déçus, même moi, car les enfants avaient fini par me communiquer leur enthousiasme.

    Nous nous sommes assis sur de la mousse qui avait été protégée de la neige par les branches d'un gros mélèze, et là, pendant que les enfants mangeaient de bon appétit leur pain et leur chocolat, notre guide nous parla encore de cet animal mythique. Il leur dit même :

  "Si vous arrivez à rester complètement silencieux, nous pouvons tenter une expérience et essayer de les appeler. Ils ne répondent pas toujours et je ne sais pas s'ils sont par-ici car ils peuvent parcourir plus de cinquante kilomètres en une nuit, mais il y a deux jours, la meute était très proche d'ici, juste sur la crête que vous voyez là-bas... Alors, silence, promis..."    

Vous pensez bien que tout le monde s'est tu immédiatement.

Nous sommes restés ainsi un long moment, n'entendant que le vent et un geai qui de temps à autre piaillait. Même les plus agités de mes élèves ne bronchaient pas ! Le temps passait et le silence régnait.

  Alors, notre guide modula un long hurlement : hou... hou... hou... Rien.

Il recommença une deuxième fois : hou... hou... hou... Rien.

Nous retenions notre souffle, les oreilles aux aguets. 

Il recommença  une troisième fois : hou... hou... hou ...

  Et soudain, dans le lointain retentit une réponse. Un long hurlement nous parvenait, faiblement, mais nous parvenait tout de même. Mon coeur fit un bond dans ma poitrine, je regardai mes élèves dont les yeux s'illuminèrent de bonheur ! Le loup était là, tout proche... mais personne n'avait peur !

C'était fabuleux : nous étions entrés au pays des contes...

Samedi 15 mai, fête du Vergeiras, Le Luc dans le Var

Qu'est-ce que le Vergeiras ?

  D'autres seraient mieux placés que moi pour vous en parler...

Vu de l'extérieur, le Vergeiras est ce que nous avons pris l'habitude d'appeler pudiquement "un quartier"... Comme si n'importe quel endroit d'une ville ou d'un village présentant une unité n'était pas un quartier !

Vu de l'extérieur, c'est un endroit où l'on n'a pas envie de traîner si on n'y est pas né, ou contraint...

Il y a quelques années, un immense portrait de Bob Marley occupait toute une façade de l'un des immeubles, c'est comme ça que je l'ai remarqué, ce quartier, il y a 15 ans en empruntant la N7.

J'aurais mieux fait de commencer ce récit au passé car ce quartier a bien changé !

Il a été rénové, trois hauts bâtiments ont été démolis pour faire place à un espace plus ou moins convivial, mais on sent que cela viendra. Et ça fait plaisir. Il y a un jeu de boules, un terrain de sport, une placette... Les immeubles sont peints de couleurs gaies, les rues sont propres. Samedi, c'était la première fête du quartier, ses habitants avaient pris leur destin en main... Et c'est bien ! Il y avait un vide grenier, des jeux pour les enfants, des grillades, un super couscous ! On nous avait demandé d'animer un arbre à palabres et une fanfare assurait l'animation musicale. C'était des jeunes du quartier, vêtus d'un tee-shirt orange marqué Vergeiras, qui géraient toutes les activités. Il y avait dans l'air de la joie, du sérieux, une sorte de solennité. Ils étaient responsables et l'assumaient comme des chefs dans une ambiance bon enfant !

Quand les bonnes volontés de la responsable culture, des élus et des jeunes s'unissent, on a envie de leur faire plaisir. Alors nous n'avons pas hésité, il fallait être présents. 

Notre intervention

Une fois de plus, un peu au pied levé, je suis donc allée conter samedi  parce qu'un copain ne pouvait pas tenir ses engagements, que la réputation de l'Association en aurait pâti et que des gens en auraient été déçus.

J'avais eu une semaine toutefois pour modifier mon emploi du temps de ce long week-end, et nous nous étions réunis le mardi soir pour préparer notre intervention, car ce jour-là nous nous déplacions en groupe : Jean-Georges, Danielle et moi.

Nous avons décidé de choisir des contes de différents pays pour montrer l'universalité des contes.

Dernière concertation 

Nous avons tout d'abord partagé un succulent couscous préparé par une jeune femme aussi belle que souriante. Puis après la fanfare, nous nous sommes préparés. Nous avions choisi un emplacement central où un immense chêne a été préservé. Cela nous faisait un magnifique arbre à palabres.

J'aime bien conter à plusieurs. Il y a une sorte de jeu dans le passage de la parole qui satisfait mon envie de complicité. J'aime beaucoup aussi Jean-Georges et Danielle qui sont des gens talentueux et généreux. Ce jour-là, pourtant, j'étais inquiète. Djamel qui nous avait reçus avait été confiant mais je doutais d'arriver à raconter dans le bruit, l'odeur des merguez, face à la concurrence du château gonflable dans lequel les enfants s'agitaient. Je me disais que nous n'arriverions pas à nous faire entendre, que nous n'intéresserions pas grand monde.

Et en effet, nous avons eu peu de spectateurs. Mais ceux qui étaient là nous ont écoutés, riant ou méditant au bon moment, applaudissant avec chaleur. Ceux qui étaient là ont réellement partagé ce moment avec nous. Et ça, c'est formidable !

Nous avons même eu à la fin un garçon d'une douzaine d'années qui a souhaité nous raconter l'histoire du cyclope. Jean-Georges qui conte toujours assis lui a cédé sa chaise. Il s'est installé face au public et a raconté son histoire. Lui aussi a été applaudi. Et là encore, j'en suis heureuse.

Je m'étais fait du soucis pour rien: ça valait le coup de venir.

Et si l'an prochain, on me le demande à nouveau, je serai là.

Nos contes

Jean-Georges

Marcel le douanier : conte français

Les deux lézards : conte chinois

Danielle

La vieille dame et la poule : conte roumain

La petite fille et la date : conte du désert

Mireille

Le fou, le sage et l'oiseau : conte arabe

L'âne de Mélézet : conte provençal