Marc Chagal, le violoniste bleu
Julien à la Barre de la Coquille nous a proposé un sacré défi:
A la manière de George Pérec, vous devez écrire un court texte d'au moins 50 mots en oubliant d'utiliser la lettre "e".
Si l'exercice semble difficile, dites-vous que Georges Pérec a écrit un livre entier avec cette consigne !!!
Je relève le défi et voici mon texte après maintes péripéties. C'est fou le nombre de "le", "de" et autre "et" qui peuvent se glisser insidieusement dans un récit !
Hé! Oh! Là, ça ne compte pas ! Ce n'était qu'une présentation du thème, hein? N'allez pas dire que j'ai raté !
A Angelo,
La nuit du violon
Un soir chaud tombait sur nos travaux au jardin. Un garçon inconnu arriva au portail d'un pas nonchalant. Grand, fort, costaud, un violon blotti dans la main, l'air ravi. Il dit:
Ici, dormir moi?
Trois mots, pas plus. Puis il sourit. Mon fils lui montra mon jardin.
Ici? fit-il, surpris.
Oui, murmura-t-il inclinant un haut front brun.
Il s'assit sur du gazon, porta son violon à mi- cou. D'un trait vif, il frotta son crin, un son doux jaillit, monta haut, survola l'horizon, mourut au loin... L'inconnu joua son chant à l'infini, un son innoui qui disait nos plaisirs, nos chagrins, nos souhaits, l'oubli...
Il jouait pour nous. On s'assit aussi, vaincus. Lui, parut jouir du plaisir d'avoir amis. Instants si jolis... Mon fils apporta un cruchon. Il posa son violon. On but du vin frais. Toujours, il souriait. Nous aussi.
Du gazon pour lit, la nuit pour plafond, unis, ravis, lui, mon fils, moi, son violon... L'air chaud nous saoûlait. On trouvait ça bon. Noir partout. Nuit. Cri fou du violon. A la fin, on dormit là, tous trois.
Au matin, sans bruit, il partit.
Salut à toi, gitan ami, ton pas plus loin toujours fuit mais ton chant ici survit.
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