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3 octobre 2010 7 03 /10 /octobre /2010 20:04

Il était une fois un pêcheur qui vivait sur la côte nord de l'Ecosse. Il se nommait Donald. Sa vie était honnête, sérieuse et laborieuse. C'était un homme très croyant qui ne manquait aucun office. Mais il était marié à une femme qui ne partageait pas ses pieuses pensées. Elle semblait éloignée de la foi et ne se rendait jamais à l'église.

Un soir, il s'aperçut qu'elle quittait la maison dès qu'elle le croyait endormi et ne rentrait qu'à l'aube. Il commença alors à la suspecter d'être une sorcière car, comme chacun le sait, les sorcières sortent la nuit pour vaquer à leurs diaboliques activités. Comme il n'en avait pas la certitude et qu'il ne pouvait le prouver, il garda ses soupçons pour lui. Sa joie de vivre diminua puisqu'il ne pouvait plus faire confiance à celle qu'il aimait. Il s'inquiétait lorsqu'il devait partir en mer et peinait à trouver le sommeil lorsqu'il était chez lui.

Un soir alors qu'il était assis près de la cheminée, son épouse reçut la visite d'une femme du village qui était son amie. Les deux femmes s'installèrent dans la pièce voisine et commencèrent à bavarder, persuadées qu'il ne pouvait les entendre. Hélas pour elles, leur voix portaient et collant son oreille contre le mur, le pêcheur entendit chaque mot.

 

- "Bon, alors, on va pêcher cette nuit, n'est-ce pas?

- Oui, répondit la femme du pêcheur, nous ferons une bonne pêche nocturne, n'oublie pas d'apporter le tamis!"

 

Le pêcheur se dit qu'elles avaient peut-être l'intention de prendre son bateau. Aussi, cette nuit-là, il alla au lit, ferma les yeux mais garda les oreilles bien ouvertes. Il lutta contre le sommeil et attendit que sa femme se glisse dehors pour la suivre.

Dès qu'il entendit la porte s'ouvrir, il mit son projet à exécution en se cachant. L'amie la rejoignit dans la rue. Elle portait un tamis. Ensemble, elles prirent le chemin du port. Il les suivait quelques pas en arrière en prenant garde de rester bien dissimulé dans l'ombre.

 

Arrivées au port, elles ne se dirigèrent pas vers son bateau mais vers la plage. Cela le surprit. Il réfléchit un peu et finalement, il décida qu'après tout, elles n'avaient peut-être jamais eu l'intention de le lui voler. Curieux de savoir ce qu'elles allaient faire, il fit un pas hors de l'obscurité et les héla.

 

- "Qu'allez-vous donc faire avec un tamis au beau milieu de la nuit?, dit-il.

 

Sa femme parut surprise de le voir là et pas vraiment ravie. Mais elle se reprit rapidement et répondit:

 

- "Et bien, nous allons pêcher, c'est tout! Et si tu nous laisses tranquillement faire nos affaires, nous te ramènerons tant de poissons que tu n'auras pas besoin d'aller en mer pendant au moins une semaine!

- Ce serait mieux que je vous accompagne car les eaux peuvent être traîtres au large. J'en connais plus que vous sur la pêche!"

 

Sa femme éclata de rire.

 

-" Tu ne peux pas nous accompagner. reste où tu es si tu veux et regarde. Tu vas être surpris de voir tout le poisson que nous pouvons attraper. Mais tu dois promettre que tout ce que tu verras restera un secret entre nous. Et surtout, tu ne devras jamais prononcer le nom de Dieu tant que nous serons en mer."

 

Notre homme fit alors la promesse solemnelle de ne rien dire. Et il observa.

 

Les deux femmes s'approchèrent du rivage et se transformèrent en rats. Ces rats grimpèrent dans le tamis et prirent la mer. Ils s'éloignèrent de la côte. Le pêcheur ne pouvait plus qu'à peine distinguer la forme de l'étrange vaisseau à la clarté de la lune. Les deux créatures se mirent au travail. Elles dirigèrent le tamis de façon à former un demi-cercle, comme le ferait un chien de berger qui veut ramener le troupeau, puis se retournèrent face à la côte. Devant elles, il y avait un énorme banc de poissons dont les écailles brillaient comme des pièces d'or sous les flots. Les poissons nagèrent jusqu'à la plage où ils sautèrent en piles scintillantes aux pieds du pêcheur.

 

- "Avons-nous attrapé beaucoup de poissons? dit une voix qui provenait du tamis.

- Oui, beaucoup", répondit le pêcheur, abassourdi par ce qu'il voyait devant lui.

 

Mais les rats n'étaient pas satisfaits. Ils firent tourner une nouvelle fois leur embarcation, s'éloignèrent un peu plus et répétèrent la manoeuvre. Davantage de poissons encore atterrirent sur la plage.

 

- "En avons-nous assez maintenant?" interrogea la voix.

 

Donald regarda tous les poissons que les rats avaient attrapés. Si cela continuait, il ne resterait plus rien à pêcher pour les autres pêcheurs lorsqu'ils jetteraient leurs filets les jours suivants.

 

- "Plus qu'assez ! hurla-t-il, plus qu'assez !"

 

Mais le tamis s'éloigna pour la troisième fois et peu après, on ne voyait plus du tout le sable de la plage tant il y avait de poissons amassés. Le pêcheur commença à avoir peur. La voix qui provenait du bateau questionna une nouvelle fois:

 

- "Avons-nous déjà attrapé assez de poissons?"

 

Alors, il sut qu'il devait les arrêter.

 

- "Au nom de Dieu, c'est assez!" cria-t-il.

 

Il n'avait pas plus tôt dit cela qu'il entendit un cri qui s'élevait de l'eau sombre. Le tamis se remplit d'eau et les deux rats s'enfoncèrent. Le pêcheur vit le petit vaisseau à bord duquel l'équipage démoniaque avait pris place sombrer sous les vagues.

Alors, il sut qu'il avait vu sa femme pour la dernière fois.

 

 

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