Je crois Tricôtine que tu seras contente. Voilà de l'autosatisfaction, de l'auto dérision, de l'autocritique et même des autoroutes! Pour l'autocuiseur, j'ai fait de mon mieux mais je n'ai pas réussi à le placer !
Défi n°73 " Autoportrait " Tricôtine à la barre link
Ecrivez votre autoportrait actuel (physique et moral) dans un lieu qui vous ressemble comme si l'on "vous" observait de l'extérieur ou comme si vous "vous" rencontriez pour la première fois. Donnez nous envie de "vous" connaître plus avant ou pas ? Vous pouvez employer l'autosatisfaction, l'auto dérision, l'autocritique, l'auto-défense, l'autocuiseur, ou l'autoroute... Vous écrirez un texte sous la forme qui vous plaira
Portrait à plusieurs voix
Matin dans ma classe
C’est notre maîtresse, cette petite bonne femme toujours en mouvement!
J’aime bien quand elle enlève son manteau. Toutes les filles aiment bien… Aujourd’hui, elle a mis ses collants qui me plaisent, ceux tout noirs avec des diamants sur le côté de la jambe. J’adore ! Et puis, une robe noire, des boucles d’oreilles qui pendent et un super collier ! Elle porte ses grandes bottes. On la regarde tous. On attend. Elle commence toujours par quelque chose qui nous amuse.
Voilà, ça y est, une petite blague et on rigole ! Elle aussi.
Comme on ne peut pas faire que ça, très vite, elle annonce le programme de la journée. Ses mains virevoltent en tous sens. Jamais elles ne s’arrêtent ! Des fois je me demande comment elle ferait si elle n’avait plus de mains…. Peut-être qu’elle deviendrait muette !
Quoique, bavarde comme elle est…
« Je sais bien, vous n’aimez pas ça, mais ce matin, nous commencerons avec de la conjugaison…. Après, ce sera plus amusant… vous verrez… Prenez vos livres de français… Oh, non ! J’ai encore perdu mes lunettes ! »
Elle file à grand pas au fond de la classe là où elle pose son sac à main... revient à son bureau à côté du tableau, repart, traverse la salle trois ou quatre fois… on voit dans son regard qu’elle est complètement perdue… Où a-t-elle bien pu les mettre ? Elle les perd cent fois par jour ! Heureusement, il y en a toujours un d’entre nous qui les repère.
- Personne n’a vu mes lunettes ?
- Elles sont dans ta poche maîtresse !
- Merci ! Vous vous souviendrez de moi comme de la maîtresse qui perdait toujours quelque chose !
A la récré dans une des écoles où j'ai été nommée
C’est moi ça ? Je ne me croyais pas capable d’autant de compromis… Qu’est-ce que j’en ai à foutre de son histoire de légumes bio ! De toute façon avec tous les Mars qu’elle s’enfile, je ne vois pas l’intérêt ! Allez, souris ma vieille, ne montre pas ton ennui. Hoche la tête, prends l’air passionné… Oh non ! Elle ne va pas en rajouter une couche avec son petit fils si beau, si intelligent, si merveilleux ! Ben si ! Alors là, de plus en plus dur… Je lui place les miens tout aussi géniaux (bien plus imbécile !) avec un sourire tout droit venu d’Hypocrisieland, mielleux à souhait… Je me déteste quand je fais ça !
Par chance voilà un petit bout d’enfant qui me sauve: un genou écorché et ma tendresse revient. Main dans la main direction l’armoire à pharmacie, une caresse sur la joue, lui essuyer les yeux, le faire parler. Chagrin guéri, je peux le soigner sans qu’il s’en aperçoive. Sourire. Vrai celui-ci.
Bagarre sur le terrain de foot. Autorité. Puis diplomatie, démêler le vrai du faux. Eviter l’injustice autant que possible.
C’est moi cela aussi.
Midi
Je n’ai pas faim. Je n’ai jamais faim. Je n’ai jamais sommeil non plus d’ailleurs. Curieux, non ? Je mange pourtant. A la cantine. De tout. Il faut bien donner l’exemple.
A la maison
Seule. Je vis seule. Je le dis tout de suite, je ne l’ai pas choisi. Enfin, pas au début. Parce que maintenant, je trouve voluptueux de faire ce que je veux, quand je veux, comme je veux ! Et je ne changerais de vie pour rien au monde !
Comme tous les soirs, passage à la salle de bains et, je n’ai pas le choix... devant le miroir. C’est qui celle-là ? Moi ? Avec cette jolie silhouette ? Waou ! Je ne m’en sors pas mal : bientôt cinquante-sept ans, trois enfants, trois fois grand-mère… Je lève les yeux. Visage. Aïe ! C’est toujours moi ? Certaine ? Non ! Si ! Bonjour les dégâts ! Je ressemble à une carte routière ! Les voilà Tricôtine tes autoroutes. Y’a même tous les petits chemins vicinaux ! Ces rides, là, au coin des yeux, et là, au-dessus de la lèvre supérieure, là encore, sur les joues… C’est mou tout ça… Heureusement, les yeux… vifs... Ce regard, je le connais, je l’ai toujours connu. C’est bien moi.
La voix (comme dans une émission débile à la télé)
Qu’est-ce qu’elle s’imagine ? Qu’elle est seule chez elle ? Ah ! ah ! ah ! Raté !
Je suis là et je l’observe. Et vous pouvez compter sur moi pour vous parler de la face cachée.
Le téléphone sonne. Charmante au début, voix sourire et contentement. Brusquement, voix sourde, cassante … je n’entends pas ce qu’on lui dit… ne doit pas aimer. Voix colère. Faudrait pas imaginer qu’elle soit femme douceur. Elle aimerait. Le croit parfois. Mais non ! Elle ne peut pas se retenir, c’est plus fort qu’elle. Elle parle d’abord doucement, de plus en plus calmement ... et d’un coup, pan ! elle explose ! Une rage, pas croyable. Ne se contrôle plus !
Si elle n’avait que ce défaut, ça ne serait pas grand-chose mais en plus, attendez… tiens ça y est ... elle raccroche, allume une cigarette, rumine, parle seule, se prépare un café… ça va venir, je le sais … elle renifle … et éclate en sanglots ! une vraie fontaine ! Oh ! Ma grande ! Enfin ... ma vieille ! t’as passé l’âge de pleurer comme une madeleine pour tout et n’importe quoi ! T'as pas honte ?
Heureusement, ça ne dure jamais longtemps.
La voilà maintenant à lire l’actualité sur internet. On aura de la chance si elle ne pique pas encore une colère ou deux. Faut dire qu’en ce moment, il y a de quoi … C’est une idéaliste cette femme, elle n’arrive pas à accepter ce monde mercantile et injuste. Les sdf, les expulsions, la misère, les magouilles, les décisions gouvernementales, la lâcheté, l’égoïsme, les mensonges médiatiques … la liste serait longue de tout ce qui la heurte et l’indigne.
Parfois aussi, fou rire ... Tout aussi souvent. Pour un coup de fil, une chanson ou la lecture d’un texte. Elle rit autant qu’elle pleure ou qu’elle rugit ! Tout cela dans un mouvement imprévisible ! Faut être capable de supporter, je vous le dis …
Quand va-t-elle se coucher ? Tard. Toujours. Difficile. Dormir... mourir... pour elle c’est tout comme. Tant de choses à faire avant de tirer sa révérence ! Pas de temps à perdre. Une boulimique des trucs à faire !
Elle finit par se mettre au lit. Pas pour dormir hein ! Pour bouquiner ! Je vous demande un peu ! Comme si sa journée n’avait pas déjà été assez longue ! Mais ça, depuis toute petite fille, c’est son aliment, sa passion, sa drogue. Elle peut se passer de tout. Pas de ça. Que d’heure nous avons passées ensemble plongées au cœur des contes, des histoires, des poèmes !
Voilà qu’elle éteint. Le sommeil n’est pas encore là. Maintenant elle cogite. A ce qu’elle fera demain, ou dimanche, ou cet été… elle monte des plans, bâti des châteaux en Espagne, fait des projets …
Je dois dire à sa décharge que souvent, elle les réalise. Et ceux qui ne sont encore que des rêves, je lui fais confiance, c’est une tenace, elle les réalisera un jour !
Samedi, dimanche, n’importe quand, matin, midi et soir, désoeuvrée, en vacances…
Elle lit. Elle écrit. Ne pas la déranger, cela peut durer des heures.
Certains jours, elle se promène au bord de la mer ou en forêt, seule et loin de l'agitation et du bruit. Elle va au cinéma … Elle ne s'ennuie jamais.
De temps à autre, quand tout va bien, elle s’amuse à slamer. C’est nouveau ça, et bon sang quel plaisir elle y prend ! Il parait qu’elle a été timide … Quel culot, elle a pourtant maintenant !
Elle conte aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais voilà longtemps qu’elle ne l’a plus fait. Depuis quelques jours, je sens que le bout de sa langue démange, gratouille… elle ne devrait pas tarder à s’y remettre. Tant mieux ! J’adore !
Parfois, terrasse, bistrot, elle se dore au soleil en buvant du café et papote avec ses copains. Là, elle se régale. Petite pique par ci, petite boutade par là, grimaces, humour, un vrai clown ! Qu’est-ce qu’elle peut dire comme âneries ! Et les autres se marrent. Bien sûr, elle en rajoute ... Timide ? Elle s’est soignée alors !
Pas un hasard si elle vit seule. Cette nana, elle est plusieurs. C’est vraiment fatigant. Invivable, elle est !
Et pourtant, moi, je ne la quitte pas. Nous avons ensemble de longues discussions … parfois, elle tergiverse, je la harcèle, la pousse dans ses retranchements, la remets dans le droit chemin. Le sien.
Vous savez bien, nous avons chacun le nôtre. Une fois qu’on l'a découvert, il ne faut pas le quitter. Elle a bien failli s’égarer quelques fois. Mais elle y est toujours revenue. Heureusement.
J’ai un truc à vous avouer : moi, cette fille, plus je la fréquente, plus je l’aime !
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