Lénaïg, à la barre cette quinzaine, nous a donné les consignes suivantes :
évoquer soit les préparatifs soit le retour d'un voyage sur le thème de la valise, le sac à dos, les bagages...
Tout est permis: prose, poésie, dessins, photos, chansons et en plus on peut combiner plusieurs moyens différents.
Allez, je vous raconte !
Et voilà ! Une fois de plus, je ne suis pas prête! J’avais le temps pourtant ! Il est passé où bon sang? Un mois que j’y pense à ce voyage ! Je sais… j’ai lu toute la matinée, pianoté sur mon ordinateur un bon moment, téléphoné à ma mère, joué avec le chat… Et puis, tout à l’heure, ce coup de fil de ma copine pour aller boire un coup ensemble et profiter de la fraîcheur de la fin de journée… Je ne le regrette pas, remarquez. Qu’est-ce qu’on a ri !
Oh, la, la ! Que nous sommes moqueuses lorsque nous sommes ensemble !
Et maintenant, je suis bien embêtée... Je ne m’en sortirai jamais ! Quand je pense que je suis sensée partir demain matin à la première heure !
Ceci dit, je ne m’en vais pas au bout du monde. Ni pendant très longtemps. Pourtant, il faut bien que j’emporte des affaires. Quinze jours de vacances en camping itinérant, ça ne se fait pas comme ça. Pas le temps de laver, pas l’envie de visiter les pressings, va falloir prévoir large. Et puis, la météo ! Vous avez vu la météo ? Pluie, vent, chaud, froid… il y a de tout au programme. Il n’y manque que la neige. Encore que sur l’Aubrac… je pourrais avoir des surprises.
Allez, un petit café, et je ne le dis plus : je m’y mets !
Le matériel de base, d’abord. Voiture garée au pied de l’escalier, coffre ouvert ! Mon dieu, qu’il est petit ! La tente, ma petite merveille au montage si facile. Le duvet. Non deux, je me connais, frileuse comme tout. Le réchaud à gaz pour faire la popote. Où ai-je fichu la lampe à pétrole anti moustiques ? Me voilà spéléo dans l’enfer du cagibi. Il me la faut pourtant, ABSOLUMENT ! Comment lire le soir avant de dormir sinon, hein ? Je la tiens ! Je l’extirpe du monceau de trucs plus inutiles les uns que les autres. Victoire ! J’aperçois la bouteille de pétrole juste à côté ! Je rajoute la petite, toute petite glacière et … mon coffre est déjà plein ! Enfer et damnation ! J’ai encore un paquet de choses à faire tenir là-dedans pourtant ! Une seule solution, rabattre les sièges arrière.
Aussitôt dit, ausitôt fait.
Je grimpe quatre à quatre l’escalier, bon allez, je le concède, deux à deux, mais je crois que l’expression n’existe pas, tant pis, je l’invente… je grimpe donc et me voici farfouillant les placards de la cuisine: nourriture en réserve, vaisselle en plastique, petite casserole, liquide vaisselle, sacs poubelles, j’entasse tout cela dans le carton récupéré à cet effet.
Coup d’œil à l’horloge. Ah ! Déjà? Je n’aurai pas cru...
Salle de bains : serviettes, savon, shampoing, crème de star pour lisser, remodeler, restructurer, raffermir, celle qui fait dire à ma cadette : si avec ça tu ne perds pas dix ans, ton cas est désespéré ! Ben oui, ma chérie, mais ton cas sera désespéré un jour aussi, tu sais… J’rigole ! qu’elle ajoute chaque fois. Et bien, moi pas!
Alors, je fais la gueule. Mais ce soir, la minette n’est pas avec moi, j’échappe au couplet assassin et je fredonne.
La vie est belle, demain, je me sauve et à moi les longues randonnées, les visites de petits coins sympas ignorés de tous, les rencontres sympathiques, les visites de monuments et de musées et personne, je dis bien, personne, pour me contrarier et me détourner de ce que j’ai décidé de faire.
Maintenant, le carton salle de bains est plein à craquer. Ne reste que les vêtements à préparer. Nouvelle pose café, cigarette. Nouveau coup d’œil à l’horloge. Je suis excitée comme une puce. Le départ, c’est demain...in...in...in...in…
Le gros sac de voyage, énorme et moi perplexe. Je mets quoi là-dedans ? A part les sous-vêtements et les chaussettes qui s’imposent, je n’en sais rien ! Alors, car la nuit est bien avancée quand même, pour ne plus perdre de temps, j’enfourne tout ce qui pourrait servir : des tee-shirts à bretelles, à manches courtes, longues, trois quarts, des pulls, un peu chauds, beaucoup chauds, des vestes, des jeans, des pantalons corsaires, des tout fins s’il fait chaud, des épais si j’ai froid, une petite robe si je veux me faire belle, un maillot de bain, on ne sait jamais, il y a des lacs et des rivières là où je vais, un coupe-vent, deux, trois gilets assortis aux tenues, une longue écharpe en coton très douce, mes gants, j’ai toujours froid aux mains… J’ajoute quelques paires de boucles d’oreilles fantaisie, c’est ma grande passion, un drap de plage, un magnifique chapeau. Ouf ! C’est fait ! Je suis parée !
Trois heures du mat. Parée? Non, je n’ai pas fini ! J’ai oublié un tas de choses ! J’ajoute vite fait quelques livres, mon gros carnet sur lequel j’écris mes textes, l’appareil photos, des piles, le chargeur du téléphone, mon carnet d’adresses, je n’ai jamais eu le temps de tout transférer dans le téléphone portable, des stylos, quelques pansements, de la crème à l’arnica, de l’aspirine et une paire de baskets. N’ai-je rien oublié ? Je ne le pense pas. Cette fois, tout est ok.
Je chargerai la voiture demain matin, il est temps de se coucher.
Passage à la salle de bains. Zut ! et mince, et crotte et ..... ! Je vous épargne le reste du chapelet… J'enrage ! Le dentifrice ! Je l’ai rangé tout au fond, dans le carton ! Ne croyez pas que comme une cochonne, je renonce à me laver les dents. Oh, non ! Pas le genre de la maison ! Je ne renonce JAMAIS ! Je farfouille, sors deux, trois trucs, puis un peu plus. Où l’ai-je fourré ? Finalement, je vide le carton, victoire ! Le voici. Brossage de dents. Pas folle la guêpe, je pose le tube sur le lavabo pour le retrouver plus vite demain matin, enfin dans trois heures, parce que bon, ce que je ne vous ai pas dit, c’est que j’ai mis le réveil à sonner à six heures… et demain, c’est maintenant depuis un bon moment déjà ! Allez ma vieille, au lit ! Opa !
Evidemment, le sommeil ne vient pas. Trop d’excitation. Trop de café. Je tourne, je vire, rallume, bouquine… Je finis par sombrer, lumière allumée, à quelle heure ? Ma foi…
Déjà le réveil sonne. Œil mi clos mais cœur en fête, je dévore mon petit déjeuner avant de transporter mon bazar jusqu’à la voiture. Rentrera ? Rentrera pas ? J’organise mentalement l’espace et réussi un coup de maître : chaque chose trouve sa place du premier coup ! Il ne me reste qu’à dire au revoir au chat que ma fille viendra nourrir pendant mon absence et à moi les grands espaces et le dépaysement.
J’attache ma ceinture, démarre, roule doucement jusqu’au bout de la rue. Il est sept heures. Dans deux heures je serai en Ardèche. A partir de là, improvisation totale, au bout: l'Aubrac, en théorie... Je souris de contentement.
Le petit matin est calme, j’aperçois le soleil se lever sur la mer. Les touristes dorment encore. J’adore cette heure de la journée ! Je récapitule rapidement le contenu de mes bagages... Oh ! Non ! Le dentifrice ! Il est resté sur le lavabo. Faux départ. Demi-tour. Ce n’est pas grave. Dans cinq minutes, je pars !
Quand je pense que Lénaïg suggérait qu’on puisse voyager léger !
Ce départ, que je vous ai raconté, il est purement imaginaire.
Quoique...
Juste une petite chanson de circonstance: la pépette, ce n'est pas moi, mais cette chanson m'a toujours fait rire: à cause des touristes féminines que je croise sur la Côte d'Azur depuis mon enfance... des pépettes, y'en a plein !